Biographie (en construction)

En attendant la révélation sur ce site consacré à Ravier de sa biographie détaillée, le chercheur peut trouver la première biographie complète de Ravier, année par année, rédigée à la suite de 20 ans de recherches et de dépouillement d’archives. Elle reste aujourd’hui encore la référence sur le catalogue RMN (Réunion des musées nationaux) de l’exposition François Auguste Ravier du musée des Beaux-Arts de Lyon, 1996 (Commissariat D. Brachlianoff et C. Boyer Thiollier) [Biographie page 15-40.]. Catalogue épuisé… Reprise et complétée en 2018 par la Maison Ravier http://www.maisonravier.fr/, sa directrice N. Lebrun en a rédigé une dernière version.

Nous nous engageons à fournir bientôt sur ce site une biographie simplifiée en trois parties centrées sur l’artiste et l’activité artistique année par année. Nous vous offrons donc à lire en attendant une chronique :

« … Et la vie passe »

François Auguste Ravier a passé sa vie comme un sage qui n’est dupe de rien. On se contenterait presque de dire qu’il aima la nature et qu’il peignit disait de lui Paul Jamot. Depuis son apprentissage à Paris, ses premiers coups de pinceau à Rome, et son installation dans le Dauphiné, Ravier s’est interdit la mascarade et revendiquera la liberté de peindre comme il l’entend.  Pas d’école des Beaux-Arts, pas d’atelier durant des années, pas de formation durable chez un peintre, pas de course à la médaille, pas de récompenses. Tout cela l’aurait empêché d’avancer même s’il déplore son manque de formation. Avec une force virile et tranquille, il a appris à s’appartenir et à contourner la difficulté de devenir lui-même. Et il poursuivit dans sa vie privée cette volonté d’équilibre, d’harmonie en se souvenant de ses séjours en Italie, de ses amours heureuses et insouciantes, du soleil dans le cœur et dans les yeux qui féconderont ses œuvres de l’âge mûr à Crémieu et à Morestel. Ainsi, jusqu’à la fin de sa vie il gardera son enthousiasme pour la peinture et la nature, et clamera avec Platon : J’apprends toujours, j’apprends encore, jusqu’à la cécité qui le frappera six ans avant sa mort à l’âge de 81 ans.

Sa terre de création

Cremieu
Morestel

Ravier, né à Lyon, restera toute sa vie d’adulte dans le Dauphiné après l’expérience romaine. Comme à Rome, il ne peindra jamais les lieux de référence touristique. Ce sont des lieux sans qualité qui l’attirent, mais tournés du côté du soleil. Sans illusion sur la vie, sur les hommes, ni sur la gloire, il explore pourtant sa terre de création dans les moindres recoins avec enthousiasme. Pour lui, il y a d’abord la peinture. Fasciné par la lumière de l’aube ou du crépuscule, il peint la plupart du temps en plein air. Le reste de la journée et tard dans la soirée il travaille en atelier. De sa propre confession, il admire les « anciens », tels Poussin et Le Lorrain, comme les modernes Turner, Delacroix et Corot. Ravier n’exposa presque jamais de son vivant, ce qui lui coûtera sa réputation officielle dont il se moque par ailleurs, et plus tard, n’étant pas référencé, sa cote marchande.

A travers son histoire intime, nourrie des témoignages de ses amis, sa correspondance abondante nous éclaire sur sa façon de travailler, et d’appréhender la nature, sur sa philosophie de vie, et sur son art très audacieux qui influença – ou dérouta- la plupart de ses amis peintres qui l’appelaient « Maître ». Ravier, homme et peintre à la personnalité exceptionnelle, ne devait rien à personne et ne voulait être apprécié que pour ses audaces.

« Bénédictin de l’art » ccomme il se définit lui-même, Ravier n’a pas connu une brillante carrière de peintre, mais il a pourtant largement contribué à perturber le genre de la peinture de paysage avant l’heure impressionniste ! Son œuvre lui ressemble, audacieuse et sincère. « La recherche sincère vers un idéal » a toujours été la règle sur laquelle il a fondé ses croyances, ayant naturellement étendu son individualité à sa peinture, se moquant éperdument de plaire ou de déplaire à la foule.

Transcription d’une partie du manuscrit autographe de Ravier ci-dessus : […] Je ne suis rien et ne veux rien être qu’un Bénédictin de l’art, très ennemi de la pose, si j’avais quelque titre ou (un ?) droit de sortir de la foule, je demanderai à y rentrer immédiatement pour conserver cette quiétude  amoureuse et sereine […]

Le jeu n’en vaut pas la chandelle

Sa réputation, surtout pour un personnage vivant et travaillant caché en province, n’a d’égale que son amour de la liberté. Sa sincérité et sa loyauté d’homme et d’artiste en tous points concordent avec les dires de ses nombreux amis artistes. (Voir onglet Ravier et ses amis artistes) Beaucoup lui rendent visite sur place à Morestel et repartent éblouis par les audaces de sa palette et de sa mise en page tout à fait personnelle. Ravier n’aura pas d’élèves mais beaucoup de suiveurs. D’autres « fouilleront ses poches ». Lorsque Louis Français œuvrera pour le faire décorer de la Légion d’honneur en 1895 pour toute l’œuvre accomplie et l’immense réseau d’artistes qu’il a fédéré, il est mécontent de cette « réclame » et le consigne par écrit dans la dernière lettre connue de lui, en mai 1895 :

«[…] J’ai répondu : Si il est répugnant d’aller mendier les suffrages de ces gens-là, il est très facile de couper court en n’y allant pas ; le jeu n’en vaut pas la chandelle car si je faisais le compte de ce que cela m’a coûté au point de vue de la dignité et des aquarelles chipées de côtés et d’autres par des ministres et gens influents, je me verrais peut-être forcé de redire que le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Ma pensée est et a toujours été, vous avez pu le voir; surtout dans les temps de prospérité décroissante, ayant à peu près l’indépendance matérielle si nécessaire à l’indépendance morale, qui au lieu d’embarrasser ma vie de la recherche de l’ambition qui donne si peu de bonheur à ses poursuivants, je dois me considérer comme un mystique, un cénobite dont la devise, est et sera : la plus profonde humilité, l’amour de la vérité et de la justice et, comme corollaire la paix et le dédain des faux biens où les jouissances de l’intelligence et du cœur n’ont rien à voir … »

(Lettre à Félix Thiollier, archives CBT)

Ce peintre rentre dans nos vies, modestement mais avec éblouissement. Nous aurons beau étaler une liste de dates pour égrener sa biographie somme toute assez banale, rien ne sera plus intelligible que de contempler un de ses innombrables couchers de soleil limpide, exigeant, éclatant…

     

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