Ravier a certainement découvert la pratique de la photographie pendant son séjour à Rome entre1840 et 1848, mais il est en Italie pour se former à la peinture. Il fréquente en effet le fameux Caffè Greco, véritable pépinière d’artistes et de photographes. D’un naturel curieux et séduit par ce nouveau moyen de représentation il a dû se familiariser avec cette technique. Ravier semble être tombé amoureux d’une jeune italienne, mais cédant à la pression familiale et inquiet des nouvelles qu’il reçoit de Lyon pendant les émeutes de 1848, il renonce à cette jeune fille et doit rentrer en France. En 1849 son ami Achille Gallier le pousse à défier son père et à revenir s’installer à Rome en tant que … photographe, alors véritable métier d’avenir. On sait avec certitude qu’il a fait des photographies à Crémieu un peu plus tard, dans les années 1850 et qu’il continuera jusqu’à sa cécité vers 1888, comme l’atteste sa correspondance avec Thiollier. A ce jour on n’a retrouvé qu’une quarantaine de photographie datant de la période de Crémieu. Thiollier, en connaisseur averti, en avait retrouvé et conservé une vingtaine. 1
auguste ravier
A l’inverse de nombreux peintres, Ravier n’utilise pas seulement ses clichés comme documents préparatoires à ses toiles, car il considère la photographie comme un art en soi. Son œuvre photographique est très représentative de sa période de peinture à Crémieu. Il peignait alors avec des bruns, brun-ocrés ou brun-grisés, des terres de Sienne rehaussés de blanc, des gris peut-être inspirés de la photographie dans des tons proches de la non-couleur. Des lavis d’encre, ou des dessins à la plume et au crayon relevés de gouache nous font aussi penser à des épreuves positives sur papier. Formidablement doué pour scruter le bon angle en peinture, il le doit peut-être au maniement de l’appareil photographique. Hors de toute considération technique, cet exercice exige de lui un œil exercé pour un cadrage rigoureux. [Je voudrais] la recette de votre virage. J'ai fait quelques épreuves, mais pas tirées. Il me manque l'expérience du point où arrêter le développement et [mesurer] le temps de pose. Mais ça viendra. Ça ne m’a pas empêché de bien travailler et de faire fructifier la couleur. […] Lettre à Félix Thiollier, sans date, après 1875.
auguste ravier

Jusque tard dans sa vie, Ravier s’amuse à la photographie comme le prouve
cette lettre du 30 octobre 1884 (70 ans passés) à Félix Thiollier :
[…] Si vous pouvez venir, il n’y a plus de mouches et la Lisa 2 pourrait nous trimballer avec la photographie. Voyez si ça vous arrange. On peut aussi aller en chemin de fer…Je ne sais si j’oublie quelque chose. Pensez au papier négatif et inventez un bon photomètre, desideratum demandé. Puisque vous  vous trompez vous-même, jugez à quoi est réduite mon inexpérience de la pose !

  1. Exposées en totalité au Musée des Beaux-Arts de Lyon en 1995, une vingtaine d’autres sont conservées à la Bibliothèque Nationale de France.
  2. Nom de la jument de Ravier

Voir des photographies de Ravier

  •  à la Bibliothèque nationale de France (BNF)
  • 2 collections particulières, Paris, Saint-Étienne.
  • L’intégralité de la collection particulière a été exposée au musée des Beaux-Arts de
    Lyon et publiée dans le catalogue RMN 1996, pages XXX
  • Voir quelques négatifs papier salé, procédé romain