A l’inverse de nombreux peintres, Ravier n’utilise pas seulement ses clichés comme
documents préparatoires à ses toiles, car il considère la photographie comme un art
en soi. Son œuvre photographique est très représentative de sa période de peinture
à Crémieu. Il peignait alors avec des bruns, brun-ocrés ou brun-grisés, des terres de
Sienne rehaussés de blanc, des gris peut-être inspirés de la photographie dans des
tons proches de la non-couleur. Des lavis d’encre, ou des dessins à la plume et au
crayon relevés de gouache nous font aussi penser à des épreuves positives sur
papier.
Formidablement doué pour scruter le bon angle en peinture, il le doit peut-être au
maniement de l’appareil photographique. Hors de toute considération technique, cet
exercice exige de lui un œil exercé pour un cadrage rigoureux.
[Je voudrais] la recette de votre virage. J'ai fait quelques épreuves, mais pas tirées. Il
me manque l'expérience du point où arrêter le développement et [mesurer] le temps
de pose. Mais ça viendra. Ça ne m’a pas empêché de bien travailler et de faire
fructifier la couleur. […] Lettre à Félix Thiollier, sans date, après 1875.