Contraint de rentrer à Lyon, Ravier passe une période très morose laissant en Italie son amour de jeunesse pour des obligations familiales et des deuils successifs. Il passe quelque temps à Lyon puis s’établit à Crémieu. […] mon idéal, études, toujours études et chasses différentes. Perdu un peu de temps à cela, mais vu et observé beaucoup. Évité les sentiers battus, revenu en France, terribles chagrins de famille, enfoncé de plus en plus dans la mélancolie, j’habite les cimetières. Fait une grosse bêtise comme huit dixièmes des gens. Vu le fond de tout. Tourné exclusivement du côté de la peinture, grande ressource des affligés. Tout ça a peut-être servi à l’art. Études, études, études…
Extrait tiré de l’autobiographie à la
demande de Félix Thiollier, 1879. Original autographe collection et transcription CBT.
Il voyage peu, (Paris, Genève, Gruyère, Belley, Lyon, Grenoble, Sassenage et le Forez) mais reçoit à Cremieu beaucoup d’amis peintres.
« il y avait école autour de 1860, l’école de Crémieu ainsi nommée non sans une certaine pointe d’ironie par les artistes en faveur auprès du public : les grands favoris étaient alors Ponthus-Cinier, Fonville, Guy, Allemand. Ravier en était reconnu le chef et autour de lui se groupaient les artistes épris de la nature, allant l’étudier à Crémieu et dans ses environs. Grâce à lui, leur vision devint plus intime, plus émue. Carrand, Vernay, Chevallier, Potter, Lepagnez, Appian, Fontanesi, Trévoux, et combien d’autres, furent de cette École et subirent largement l’influence de Ravier et recherchèrent ses conseils. Deux de nos maîtres incontestés du paysage moderne, Corot et Daubigny furent des amis de Ravier et ce fut beaucoup grâce à lui qu’ils devinrent ce qu’ils furent »