Riche d’une petite centaine de lettres, l’abondante correspondance du peintre François Auguste Ravier adressée à son cadet, le photographe Félix Thiollier, dévoile de l’intérieur un artiste français paradoxalement méconnu parmi les plus originaux de la période pré-impressionniste, et au passage en dit beaucoup sur son art et sur son irréductible liberté enviée par ses confrères.
De façon touchante Thiollier conserva précieusement toutes les lettres que Ravier lui avait adressées durant 22 ans. C’est le plus important corpus de lettres connues. Il en publiera pudiquement des extraits une première fois en 1899. En effet, cette correspondance souvent sortie de son contexte d’alors a fourni aux chercheurs des renseignements sur la peinture de Ravier, qui, en extrayant de superbes phrases piquantes et poétiques, ont totalement occulté le contexte amical des deux artistes et leurs influences respectives en mettant totalement de côté leur relation si attachante.
En outre, ces échanges épistolaires hauts en couleur révèlent un authentique écrivain et un artiste d’une belle franchise, sous l’éclairage nouveau des rapports affectueux que le peintre entretient avec le jeune photographe. Épistolier expérimenté et savant, mais à l’aise aussi dans la provocation et l’ironie, Ravier livre aussi dans ses lettres des idées très personnelles sur l’art de son temps [1].