Jeune homme romantique à l’époque où foisonnent les poètes et les dévots, il entretient une correspondance idéaliste avec ses camarades de classe de l’institution des Chartreux de Lyon comme avec son confesseur. Son père, fils de « tabellion » et confiseur, le destinait au droit pour devenir notaire comme ses ancêtres. Après son baccalauréat il part étudier et « faire son droit » à Paris, et là commence à peindre. La tradition orale, et une lettre à ses parents évoque son rapprochement de l’atelier de Jules Coignet et celui de Théodore Caruelle d’Aligny, tous deux peintres paysagistes de tradition classique. Cela nous ouvre des pistes d’influence sur ses fréquentations artistiques d’alors. Il va au Louvre, il regarde, il apprend la peinture. Il s’éduque l’œil et exerce timidement sa main. Après l’obtention de son diplôme de Notariat, il « jette Cujas aux orties », son code civil appris par cœur, et part en juillet 1839 à Royat (Puy de Dôme). Il y rencontre des artistes et surtout Camille Corot qui inspirera les débuts de sa carrière d’artiste.
La vocation d’artiste de ce jeune homme, au demeurant sage et d’une grande sensibilité, se détermina lors de sa rencontre en Auvergne de quelques artistes et de Corot qui lui ouvrit les yeux sur la couleur et sur l’importance du sentiment artistique. On lui conseille là-bas de s’émanciper et de partir faire son Tour : Comme beaucoup de jeunes gens, il fait alors le voyage d’Italie pour parfaire son éducation. Tout en affirmant son indépendance, il séjourne plusieurs fois à Rome entre 1840 et 1848, explore ses alentours pour parfaire son apprentissage et là, en marcheur et chasseur d’expérience, il arpente la campagne romaine, avec son attirail de peintre et son fusil. Il produit tout un ensemble d’ouvrages, surtout des aquarelles, qui contiennent déjà l’essentiel de ses préoccupations picturales. Sur ordre parental et à contre cœur, il devra rentrer à Lyon en 1848. Il y passe deux années sombres. A son retour à Lyon , Ravier travaille essentiellement dans la région lyonnaise et dauphinoise, la nature devient son principal sujet.
En 1850 il s’installe à l’Isle Crémieu, dans le Dauphiné, où il se consacre définitivement à la peinture, et se marie en 1852 à Antoinette Dessaigne dont il aura ses 5 enfants. Il invite là-bas de nombreux artistes qui le rejoignent sur place, entre autres Louis Français, Claude Daubigny, et Camille Corot, ainsi que beaucoup d’autres peintres de Lyon, et des Suisses venus de Genève. Il y reçoit souvent des artistes de passage, et tout en bénéficiant de leur influence il oriente de plus en plus ses recherches vers le rendu de la lumière.
Pour changer d’horizon et attraper d’autres motifs, il s’installe avec sa famille en 1867 dans une belle bâtisse perchée en haut de la ville (devenue la Maison Ravier) à Morestel. C’est là, en artiste libre, qu’il trouve son véritable style éclatant harmonieusement mêlé à son style de vie. C’est une période d’enthousiasme et de jubilation artistique. Ravier peindra là-bas les alentours immédiats avec une palette pleine de tempérament. Il jouira du confort de vivre relativement aisément, mais modestement.
Lorsque en 1884 Ravier est contraint à l’ablation de son œil droit, il redoute la fin de son travail d’artiste, mais il poursuivra avec hardiesse et ferveur ses recherches sur la lumière, la couleur, et leurs mutations au fil des saisons et des conditions atmosphériques. Il accomplira une œuvre immense, intime et forte jusqu’en 1890. La cécité partielle le frappera cruellement au soir de sa vie, et cet événement terrifiant, à fortiori pour un artiste, mettra un terme à sa carrière de peintre. Il meurt quasiment aveugle dans sa maison de Morestel le 26 juin 1895 à 81 ans. Il est enterré au cimetière de la ville.