La peinture, comme l’art en général, est avant tout un savoir-faire au service de la représentation ; une fois ce principe acquis, l’artiste devra gagner en sentiment et le peintre se confronter au problème de la lumière. Beaucoup de ses contemporains ne l’ont pas résolu. Sa formation en auditeur libre à l’atelier de Caruelle d’Aligny (1798-1871) ou de Jules Coignet (1798-1860), même en amateur, lui a permis de rencontrer beaucoup d’autres artistes dont Thuillier, tous deux amis de Corot, ce qui corrobore la thèse de M. Vincent Pomarède selon laquelle Ravier connaissait Corot de réputation lorsqu’il le retrouve en Auvergne à Royat en 1839.
Ravier, n’étant pas issu d’un milieu favorable à l’art, (ses parents sont confiseurs à Lyon), se forme seul au dessin en marge de ses études de Droit à Paris. C’est au Louvre qu’il découvre la peinture, parfois avec ses camarades de l’atelier qu’il fréquente au cours du soir, en amateur. D’emblée, il se sent attiré par les vieux maîtres de l’école française, et en particulier par les paysagistes historiques Claude Gelée (1600-1682 dit le Lorrain) et le grand Nicolas Poussin (1594-1665), alors référence absolue, et restera durablement fasciné par leur manière souple et lumineuse. Le Titien fait aussi partie de son panthéon artistique et didactique.
S’il fut initialement un grand admirateur des maîtres anciens, il est fasciné par l’audace du coloriste Eugène Delacroix (1798 -1863) qui, à l’époque, n’a pas encore atteint sa pleine renommée. William Turner (1775-1851) restera toujours pour lui une obsession. Quant à l’influence de Corot (1796-1875), indéniable, elle reste définitivement celle d’un « père spirituel » et d’un artiste novateur qui a su saisir le moyen de « rendre le frémissement de la nature ». Au cours de ses trois grandes périodes de vie, Rome, Crémieu et Morestel, Ravier quoique solitaire côtoie beaucoup d’artistes et fait table ouverte chez lui. Il offre à ses amis le gîte et le couvert mais aussi l’émulation de partir ensemble sur le motif. […] Mais pour moi, il n’y a toujours que les vieux Delacroix et Corot. Après cela, c’est du métier ou de la décadence » [François-Auguste Ravier à Félix Thiollier, 29 décembre 1878].
Le voyage en Italie reste une donnée fondamentale de l’art du XIXe siècle. Les paysagistes foisonnent à Rome en ce temps-là. Anglais, italiens, suisses, français surtout, tous ces artistes arrivent de l’Europe entière dans la ville éternelle et développent une émulation considérable pour travailler sur le motif et comparer leurs travaux. Ils se retrouvent au Cercle, au café, dans les jardins de la villa Médicis, sur les escaliers de la place d’Espagne, et bien sûr dans la campagne romaine. Ravier restera marqué toute sa vie par ce voyage et ce séjour fructueux des années romaines. Il s’y fait beaucoup d’amis peintres comme lui, des relations de jeunesse qui gardera toute sa vie.