Après cette année de tous les changements dus aux virus et ses variants, après la longue fermeture des lieux de culture, tournons-nous avec bonheur et masques vers les Musée des Beaux-Arts de Lyon qui présente une exposition sur les frères FLANDRIN : Auguste Flandrin (1804 -1842), ses frères Hippolyte Flandrin (1809 – 1864), devenu dès sa jeunesse un très grand peintre français et Paul Flandrin (1811 – 1902), paysagiste. Aux antipodes de la peinture de François-Auguste Ravier, celle de chacun des frères d’art Flandrin nous emmène vers d’autres flâneries…
Ravier va se faire « pistonner » par les Flandrin natifs comme lui de Lyon et sensiblement de la même génération. Il obtiendra en 1841 une lettre de recommandation d’Hyppolite Flandrin qui était déjà célèbre…Cette lettre s’avérant un précieux sésame pour vivre en artiste à Rome.
En effet les trois frères vivent et travaillent dans la ville éternelle dans les années 1833 -1838, et Ravier ne les croisera donc pas puisqu’il y arrive fin 1839. C’est sans doute par le biais de cette lettre de recommandation qu’il rencontra J. D. Ingres encore en charge de la direction de la Villa Médicis, avec ce billet d’entrée considérable et vraiment miraculeux puisque Hippolyte avait été et restera l’élève préféré d’Ingres…
. » [Corot] m’a conseillé de faire mon possible pour avoir en outre les conseils de M. Hippolyte Flandrin ; lui étant de Lyon, vous pourrez peut-être m’avoir une lettre de recommandation pour lui, en cherchant à connaître quelqu’un de sa famille ; il est, je crois, très patriote et le titre de Lyonnais est déjà une recommandation à ses yeux. En allant chez un peintre d’histoire, j’aurai l’avantage d’apprendre, mieux que chez un paysagiste, les principes généraux de la peinture, sur lesquels ils sont plus forts, et en outre d’apprendre assez de figure pour pouvoir m’en servir dans les paysages » François-Auguste Ravier à ses parents, Rome, le 30 octobre 1841.
( Ravier n’utilisera jamais la figure dans le paysage sauf quelques baigneuses invitées à servir de modèle par Antonio Fontanesi venu rejoindre son mentor à Morestel dans les années 1868…)
C’est avec Paul Flandrin que Ravier aura le plus d’affinités artistiques lorsqu’il le retrouvera dans le Bugey dans le cadre enchanteur au cœur de la vallée de la rivière Albarine.
« Par instinct et par désir de ne pas s’engager sur les traces d’Hippolyte, Paul FLANDRIN abandonna la peinture d’histoire et se spécialisa dans le paysage. La campagne romaine où émergent à chaque pas les souvenirs de l’Antiquité satisfaisait ses goûts de style. Il y fit d’innombrables études, sans renoncer pourtant à la figure et aux modèles vivants. Il connut là Ravier, un de ses compatriotes, et un autre lyonnais, Janmot, qui mélancoliquement rêvait déjà à son poème de l’âme. […] C’est de cette époque que datent les caricatures et les charges de Paul et d’Hippolyte FLANDRIN que Félix THIOLLIER a insérées dans son livre. Elles éclairent le caractère des deux frères qu’à tort on imagine graves, d’une gravité compassée… » (S. Mulsant, Félix Thiollier sa vie son œuvre, 1919.)
Les Flandrin, artistes et frères, sont l’objet d’une magnifique exposition qui vaut le détour au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Renseignements : mba-lyon.fr
Christine Boyer Thiollier, 19 juin 2021