Éloge de la simplicité dans l’art

 Léonard de Vinci (1425-1519) « La simplicité est la sophistication suprême » 

Au risque d’utiliser trop de citations je partage avec vous celles de Drouant, Hugo, et Chopin. Ils disent la même chose avec des mots magnifiques…Ravier les rejoint tous sur l’essentiel.

Drouant : La simplicité, esprit de synthèse, voilà au moins une qualité facile à déceler dans un tableau, qui s’explique d’elle-même. (Armand Drouant (1898-1978), Dialogue sur la peinture, Cachan, impr. A. Breger frères, 1946.)

Victor Hugo : L’art ? C’est la nature : simplement magnifique. La sobriété et pauvreté ; la simplicité, grandeur. Donnez à quelque chose l’espace qui lui convient, ni plus ni moins, c’est là la simplicité, c’est justice. Toute la loi du goût est là. Chaque chose mise à sa place et dite avec son mot. 

À la condition qu’un certain équilibre latent soit maintenu et qu’une certaine proportion mystérieuse soit conservée, la plus prodigieuse complication, soit dans le style, soit dans l’ensemble, peut-être simplicité. Ce sont les arcanes du grand art. La haute critique seule, qui a son point de départ dans l’enthousiasme, pénètre et comprend ces lois savantes. 

L’opulence, la profusion, l’irradiation flamboyante, peuvent être de la simplicité. Le soleil est simple. Quelle que soit l’abondance, quel que soit l’enchevêtrement, même brouillé, mêlé et inextricable, tout ce qui est « vécu » est simple. La simplicité étant vraie et naïve. La naïveté est le visage de la vérité. »

Frédéric Chopin : « La simplicité est la réussite absolue. Après avoir joué une grande quantité de notes, toujours plus de notes, c’est la simplicité qui émerge comme une récompense venant couronner l’art»

Et oui ! Si c’était si simple d’être simple, on l’enseignerait à l’École des Beaux-Arts. Que nenni, à chacun de se débrouiller avec sa palette. Car on n’apprend pas l’émotion, ni la lumière, la grâce, la vibration, et encore moins la grâce…

François-Auguste Ravier, lui, a toujours prôné la simplicité. Elle n’est pourtant qu’apparente, car fruit de la perfection et de la rigueur. C’est certainement le résultat en peinture d’une sérieuse observation, et d’une grande expérience, car la vision précède toujours l’œil.

 Simplicité rime avec humilité, ce qui renvoie à une sorte d’élégance. Pour le paysagiste qu’il est, le paysage est aussi créateur de rêve. C’est une recherche d’essence, d’authenticité, de dépouillement des artifices, et d’un retour à des formes, des compositions et des sujets qui privilégient l’essentiel. Pas seulement une échappée visuelle mais une voie vers l’infini : « Je continue à suivre ma folie. Nous avons eu deux ou trois jours de vent du midi qui ont exaspéré ma palette ! Tout est dans le ciel. Les nuages et l’atmosphère me grisent. Toujours nouveau. C’est l’inépuisable, c’est l’infini. Il est des jours, je crois, où personne n’a vu ce que je vois et senti ce que je sens. » (F.A. Ravier à Félix Thiollier, 30 octobre 1873). 

Christine Boyer, octobre 2024