Le marché de l’art et Ravier

Record de vente à Lyon. Une huile de François-Auguste Ravier (1814-1895),  adjugée à 7000€ chez Me de Baecque et une huile à 11000€ chez Me Conan.

Tout début mars 2021, Deux excellentes maisons de vente lyonnaises se sont chacune disputées de très belles enchères pour le peintre Ravier. Il y a des années que l’on déplore le manque de reconnaissance de ce peintre tant pour sa valeur artistique que ce pour sa valeur marchande.

La Maison de vente de Baecque et associés présente le 1er mars un petit florilège d’œuvres de François-Auguste Ravier magistrales ou modestes, à l’image du peintre de la lumière qui semble sortir de l’ombre au XXIe siècle. Aux antipodes du pittoresque, cet artiste sincère et vrai a toujours préféré la révélation de la nature dans le bonheur des petits riens pour accéder à l’essence des choses. Ravier eut la révélation que l’on pouvait reproduire le réel et l’espace des lieux ordinaires par le trait, en sachant sublimer cette cohérence spatiale par la lumière tout en domptant la couleur.

Dès son arrivée à Lyon, il y a une vingtaine d’années, le jeune commissaire-priseur parisien Étienne de Baecque fonde sa maison de vente rue Vendôme. Nous lui devons, depuis ses débuts dans la profession son soutien infaillible pour la peinture lyonnaise et pour le peintre paysagiste François-Auguste Ravier.

Les historiens d’art ont bien fait leur travail en ne désespérant jamais de ce peintre unique et tellement doué. Peintre confidentiel, peintre injustement classé dans les petits maîtres paysagistes secondaires, pourtant repéré et épinglé dans toutes les encyclopédies d’histoire de l’art, présent dans une cinquantaine de musées dans le monde, collectionné avec passion, débusqué et repéré avec gourmandise par les connaisseurs grâce ou à cause des petits prix du « marché ». Et voilà que tout d’un coup sa cote monte, même si l’on dissocie la cote marchande et la vraie valeur artistique, la nuance n’étant pas la même pour tout le monde… Ravier se mérite, il se chérit, il se regarde de près, il se dévoile aux seuls initiés ; et pourtant, on reconnaît de très loin « un Ravier » accroché au mur.…

L’Etude Étienne de Baecque et associés n’avait jamais vendu un des innombrables « Paysages » de Ravier présentés lors de la vente du 1er mars 2021, en obtenant un tel  record de ventes, ce qui ne peut pas laisser insensible le collectionneur tout en rendant justice à l’œuvre de Ravier. Le Ciel flamboyant se reflétant dans l’eau, huile sur panneau, 25 cm x 18 cm, dans un beau cadre doré d’époque est de ceux-là. « Je n’ai qu’une préoccupation, la sincérité, l’expression de la scène du moment ressentie par mes nerfs du moment. »

Historiquement, l’étude avait déjà présenté en avril 2013 une somptueuse aquarelle : « Le Tibre à Aqua Acetosa » exécuté en 1842 lors du séjour romain de Ravier, qui avait atteint une performance notable de 5700€.

CBT, spécialiste du peintre https://francois-auguste-ravier.com/ ,  et expert de la vente, ne peut que se réjouir de ce succès offert à l’artiste François-Auguste Ravier  par l’intermédiaire de l’étude Étienne de Baecque et associés.

https://www.debaecque.fr/lot/111340/14343338?search=RAVIER&sort=num&

 

Ciel flamboyant se reflétant dans l’eau.

Huile sur panneau, signée en bas à droite
H. 25 cm  L. 18 cm – Circa 1868

Vente du lundi 1er mars 2021, Etienne de Baecque & Associés, Lyon, France.

Ce petit paysage inhabituel de François-Auguste Ravier donne une impression d’immensité. Le mot est lancé : impression… ce tableau que l’on peut dater approximativement de 1868 contient virtuellement toutes les qualités de l’impressionnisme qui naîtra pourtant beaucoup plus tard. Ravier a toujours peint sur le vif la réalité visuelle avec l’impression d’une grande vérité et avec, selon son expression, les nerfs du moment.

Le contraste des tons chauds du ciel et des tons froids de l’eau saisit le spectateur attiré par la ligne horizontale verte acidulée qui divise la composition en deux parties. On remarque les audaces et la virtuosité de la touche. Elle recouvre la préparation lisible derrière le bosquet d’arbres du fond, et le ciel vibrant contrastant avec le premier plan aquatique beaucoup plus lisse par endroits  malgré les rehauts de couleur claire. Ravier fait corps avec la nature en lui rendant au plus près la vérité de sa substance. Il traduit avec la couleur, une matière opaque, la transparence de la lumière, et les mystères de la palette assurent une véritable prouesse en traduisant la lumière et ses reflets sur l’eau. On remarque quelques grattages qui donnent plus de corps aux joncs du premier plan, ainsi qu’une écriture du pinceau tellement vive et allègre qui entraîne le regardeur bien au-delà d’un simple paysage.

On peut dire que le preneur du lot 334 a acheté un petit chef-d’œuvre présenté sous le marteau d’Étienne de Baecque et nous ne pouvons que le féliciter.

https://www.debaecque.fr/lot/111340/14343338?search=RAVIER&sort=num&

 

Christine Boyer Thiollier, 8/ 03 /2021, historienne d’art et spécialiste du peintre Ravier.

Expert auprès de la C.N.E.S. https://www.experts-cnes.fr/

https://francois-auguste-ravier.com/